ELECTROCHOCS
- Grégory Poinsenet & Pierre Charrier
- Session 1, Vision & perspectives
L’urgence nous oblige.
Nous sommes convaincus que la période actuelle exige une approche bien plus radicale des constats et actions que ce qui nous est proposé depuis des décennies par différents acteurs de l’environnement en général, du développement durable et de la RSE en particulier. Une approche radicale au sens étymologique : “à la racine”. La racine des problèmes, une manière crue et directe, sans détours, d’accepter les faits apportés par la connaissance, à date. Nous avons donc opté, il y a trois ans, pour cette radicalité. Cela a fait sourire (jaune). Jamais nous ne pourrions vendre aux entreprises des conférences en parlant d’effondrement de civilisation. Ça faisait bien trop peur.
Le constat, implacable.
Effondrement des populations animales et végétales – dont notre survie dépend directement. Épuisement des ressources énergétiques et minières qui permettent la croissance économique dont dépendent une grande partie des prestations sociales. Dérèglement climatique dont les conséquences sont déjà visibles et qui vont mettre en péril l’habitabilité de notre planète. Planète dont on ne peut raisonnablement penser s’échapper. Ajoutons à ces sujets une augmentation visible et outrageuse des inégalités financières entre pays et entre personnes, une évolution vers des régimes politiques de plus en plus autoritaires et un effondrement de la confiance dans les dirigeants et nous obtenons tous les ingrédients d’une situation chaotique qui peut mener à une hécatombe sans précédent. Tous ces éléments étant liés entre eux, la prise de conscience de leurs liens de cause à effet est fondamentale.
La possibilité de prise en compte des émotions.
Cette prise de conscience fait peur, plonge dans la tristesse et met en colère, nous l’avons vu, mesuré et ressenti lors de la conférence. Bien sûr que la situation fait peur, énerve, affaiblit et on a ainsi naturellement tendance à la rejeter, chose qui nous demande peu d’effort. Car il faut ne pas la comprendre ou ne pas vouloir la comprendre. Le livre Sorry Children que nous venons de sortir traite de tous ces mécanismes, conscients ou pas, qui nous empêchent d’appréhender frontalement le réel pour ne pas ressentir ces émotions. Or une fois, la «possibilité de la peur, de la colère et de l’abattement» acceptée, on peut avancer et ces émotions, une fois ressenties, peuvent et doivent se sublimer, se transformer en énergie de combat. Pour ceci, il faut se projeter…
L’effort paiera.
Ne soyons pas naïfs, une transformation de fond de vos entreprises afin de développer des capacités d’adaptation et de coopérer réellement demandent de l’énergie, du courage et de la volonté. Infiniment plus que maintenir le statu quo. Les entreprises qui survivront seront celles qui auront eu ces qualités afin de se transformer rapidement, d’un bloc ou dans différentes directions. Quitte à proposer tout à fait autre chose. Nous avons la conviction que celles et ceux qui changeront par opportunisme de marché n’iront pas bien loin. La sincérité et l’engagement personnels des hommes et des femmes dans le processus lourd de l’adaptation en sont les deux premiers ingrédients. D’où tirer cette énergie ? D’un sursaut ? D’une prise de conscience ? D’un sentiment exacerbé de survie ? D’une intarissable volonté de justice ? Des émotions abordées plus haut ? De la fierté que l’on imagine dans les yeux de nos enfants quand ils comprendront ce que nous avons fait ?
D’où l’on veut, d’où l’on peut, chacun ses ressorts.
« Ne soyons pas naïfs, une transformation de fond de vos entreprises afin de développer des capacités d’adaptation et de coopérer réellement demandent de l’énergie, du courage et de la volonté. Infiniment plus que maintenir le statu quo. »
#FinielaRSEalapapa : transformer son métabolisme.
Sans refaire ici la conférence, deux impératifs de notre point de vue :
- Ralentir, voire stopper l’impact destructeur de nos activités. Moins on modifie l’environnement, moins on aura à faire d’efforts d’adaptation.
- Commencer d’ores et déjà à se mettre en capacité de s’adapter à ce qui est déjà joué et va s’aggraver quelle que soit l’ampleur de la réduction de notre impact : développer sa résilience et son adaptabilité en coopérant. Cela vaut pour toutes les structures, publiques, privées, familiales…
Renoncer : perdre pour gagner.
Il nous semble que les participants à la CEC ont parfaitement intégré le fait que le monde qui arrive demande certains renoncements. Croître matériellement indéfiniment, pour tous les secteurs d’activité, est une illusion. De là à dire que c’est irresponsable de la part de celles et ceux qui l’ont compris de perpétuer à dessein le business as usual est un pas que nous franchissons sans aucun problème. Et si, au-delà de lever le pied, nous décidions, individuellement et surtout collectivement, sans attendre que d’autres (un Etat totalitaire par exemple…) nous l’imposent, de vouloir moins d’argent, de puissance, de pouvoir, de confort pour aller vers moins de souffrances (tensions sociales, guerres, famines, épidémies…) et gagner plus de sens, de motivations à se lever le matin, de dignité, d’avenir ?
S’affranchir et donner du sens au temps qui nous reste ensemble.
On peut trouver tous les mots pour désigner ce mouvement collectif que nous devrions enclencher volontairement (et qui se déclenchera, de gré ou de force, le temps de l’énergie abondante et peu chère étant derrière nous) : renoncement, contraction, déclin, descente, croissances et décroissances sélectives… Une fois ces “contraintes” – renoncer à certains rêves illusoires et trouver de l’énergie intérieure – intégrées, on peut avancer et construire un chemin cohérent avec nos valeurs et respectueux du vivant, dans un monde néanmoins instable et en partie largement détérioré. Et c’est grâce à cette évolution culturelle – possible par une utilisation optimisée de notre néocortex – que nous pouvons nous affranchir des pulsions naturelles – quête de toujours plus imposée par notre striatum – qui, à bientôt 8 milliards, ruinent les conditions de vie de nos enfants. Comprendre et se libérer d’une partie de nous-même devient aujourd’hui une condition de survie de notre espèce… et sans voir si loin, de la survie de nos propres enfants.
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Grégory Poinsenet
est président de MoOt Points et conférencier. Ancien chef de produit dans l’industrie
agro-alimentaire puis responsable des relations partenaires de la Fondation Nicolas Hulot, Grégory est aujourd’hui président de MoOt Points et de l’association Sorry Children. Il a co-écrit avec Pierre Charrier « Sorry Children » aux éditions Alternatives.
Pierre Charrier
est directeur technique de MoOt Points et conférencier. Ancien directeur informatique et média de la Fondation Nicolas Hulot, Pierre est également vice-président de l’association Sorry Children.
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