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Présidentielle

Les Entreprises pour le Climat interpellent les candidats à la présidentielle

Les Entreprises pour le Climat interpellent le Rassemblement National

Céline Romain (Exhibit Group) et Ahcène Moulla (Anne Bault) ont rencontré Hervé Juvin, représentant écologie de Marine Le Pen (Rassemblement National) pour discuter concrètement de son plan pour la transition économique.

Rassemblement National

La vidéo          Le résumé         L’analyse         Le programme

Le résumé

Quel déclic environnemental ?

C’est au début des années 2000 que le conseiller de Marine le Pen a son  déclic environnemental : il prend alors conscience que l’écologie devrait constituer la raison d’être de toutes les politiques publiques, et, par extension, de tous les mouvements politiques. Depuis, le conseiller de la candidate du Rassemblement national – qui est aussi élu au parlement européen – s’inquiète régulièrement de l’avancée perpétuelle de la saison des vendanges dont témoignent les viticulteurs ou encore les arbres « ivres » en Alaska, conséquence de la fonte des glaces. Le programme du Rassemblement National (RN) permet selon lui de répondre à cette urgence climatique au moyen de deux approches : la prévention et l’adaptation. Il craint en revanche les effets contre-productifs d’une écologie punitive : il compare « la taxonomie verte», qui désigne une classification des activités économiques ayant un impact favorable sur l’environnement  à  un « enfer vert » risquant de d’opposer les français à l’écologie.

Compter ce qui compte vraiment : comment ?

Selon Hervé Juvin, il est nécessaire d’établir un indicateur basé sur le PIB qui tienne compte des stocks et des externalités des activités économiques et industrielles. La candidate RN propose ainsi la création d’un « indicateur de responsabilité nationale et territoriale de l’entreprise ». L’objectif de cet indicateur est de mesurer si l’entreprise en question rend à son territoire ce que celui-ci lui donne au quotidien. Enfin, Hervé Juvin insiste sur la nécessité de modifier les modèles comptables internationaux : « le modèle actuel amène l’entreprise à n’être responsable que devant le marché financier », alors qu’elle devrait être responsable devant son territoire et les acteurs le composant. 

Quelle planification pour la transformation de l’économie française ?

Hervé Juvin note que la prise de conscience générale a progressé : tout le monde expérimente le changement climatique au quotidien et est désormais convaincu de son existence. Pour autant, il indique que l’enjeu de la formation reste un enjeu majeur afin de faire face au changement de contenu et d’appréciation des emplois. Toutefois, il est convaincu que la clé du problème se joue plus tôt et plaide pour la reconstruction du lien avec la nature dès l’enfance : “Renouer le lien direct avec la nature (…) est le plus important des combats écologiques pour la décennie à venir“.

L'analyse

Celine-Romain
Ahcene-Moulla

Quelle conscience environnementale avez-vous ressentie dans les propos d'Hervé Juvin et le programme de Marine Le Pen ?

Nous avons jugé la conscience environnementale d’Hervé Juvin sincère et pointue. Cependant, nous observons que le programme du Rassemblement national et la candidate qui le porte ne sont pas au niveau de son engagement personnel.

La discussion était articulée autour de trois idées : conscience et formation dans les mondes politique et économique, mesure d'indicateurs autres que le PIB et transition de l'emploi. Les propositions vous ont-elles convaincus ?

Pour Hervé Juvin, la question du climat est un enjeu, voire une lutte “politique”. Plutôt qu’une critique déguisée des projets des autres candidats, nous aurions aimé entendre parler d’union des forces face à une urgence qui nous touche toutes et tous. Un travail autour des indicateurs pour les adapter à la société actuelle est envisagé par la candidate. Pour autant, la sauvegarde de l’environnement ne semble pas en être le moteur. De manière générale, nous sommes conscients qu’en dépit des bonnes paroles de l’eurodéputé, celui-ci est loin de faire l’unanimité et de représenter l’état d’esprit et la volonté d’action de son parti. Cela le positionne d’ailleurs dans une situation d’équilibriste inconfortable.

Si Hervé Juvin et Marine Le Pen étaient amenés à travailler sur un deuxième Projet de Loi Climat, que leur suggéreriez-vous d'y mettre ?

En cas d’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République, un nouveau projet de Loi Climat devrait inclure en priorité la formation du monde politique aux enjeux environnementaux. Cela permettra dans un second temps au pouvoir en place de mettre en marche un plan d’action climatique fondé notamment sur l’éducation, la sobriété, et l’incitation des entreprises à améliorer leur impact environnemental. Sur un autre registre – à nos yeux tout aussi important – nous recommandons à Marine Le Pen de prendre en compte urgemment le sort des millions de réfugiés climatiques contraints de se déplacer dans les années à venir. Les propos du député à cet égard étaient centrés sur la construction de structures traditionnelles et durables dans les pays concernés. Si une telle démarche paraît inadaptée à l’urgence de la situation, il nous semble également important de noter que la France n’est pas en mesure ni en droit d’imposer des règles de constructions qu’elle-même ne s’applique pas.

Presidentielles_Marine-Le-Pen

Le programme de Marine Le Pen

Marine Le Pen évoque très peu le climat dans son programme. La candidate a cependant quelques propositions qui auront une influence sur les émissions de gaz à effet de serre. Elle veut par exemple « un plan de réhabilitation de l’habitat ancien » ou encore lancer la construction de 6 EPR.

Concernant les investissements à réaliser, elle ne précise ni ne chiffre la part des pouvoirs publics. Elle n’a pas non plus de propositions réglementaires ou fiscales pour inciter les ménages et les entreprises à réaliser ces investissements. Marine Le Pen ne se prononce pas sur les ressources de l’Etat et de ses opérateurs pour adapter la France aux impacts du changement climatique, et n’a pas de proposition pour garantir que les investissements publics de long terme (investissements dans les infrastructures de transport, opérations de rénovation urbaine, rénovation des bâtiments...) prennent en compte l’évolution du climat.

Elle ne compte pas clarifier l’usage qui est fait par l’Etat des recettes de la fiscalité énergie-climat, élément clé de l’acceptabilité d’une telle fiscalité, et ne dit rien sur l’évolution des niches fiscales défavorables au climat.

Marine Le Pen souhaite créer un « fonds souverain français » abondé par la population pour orienter l’épargne des Français vers « la réalisation d’infrastructures d’avenir, la transformation environnementale et énergétique, la recherche, l’innovation mais aussi bien sûr la relocalisation industrielle ».

Marine Le Pen souhaite d’une part arrêter les projets éoliens et démanteler progressivement les parcs existants, et d’autre part investir dans l’hydrogène et « relancer » l’hydroélectricité, ainsi que le nucléaire avec la construction de six nouveaux réacteurs EPR ou encore la réouverture de la centrale de Fessenheim. Elle ne donne aucune information sur la contribution relative de l’Etat, des producteurs d’énergie et des consommateurs d’électricité au financement de ces développements.

Marine Le Pen souhaite mettre en place « un plan de réhabilitation de l’habitat ancien grâce à des aides efficaces » et propose de subventionner le remplacement des chaudières à fioul par des pompes à chaleur électriques.

Pour contrer la hausse des prix de l’énergie, Marine Le Pen propose de baisser la TVA de 20% à 5,5% sur les produits énergétiques (carburants, fioul, gaz et électricité). Le coût pour les finances publiques n’est pas estimé.

Marine Le Pen propose d’adjoindre des « clauses miroirs » dans les traités commerciaux, afin que les produits agricoles importés soient conformes aux normes européennes et française. Elle propose également d’exclure l’agriculture des traités multilatéraux de libre-échange avec un arrêt des projets de traités en cours de négociation par l’Union Européenne.

Les Entreprises pour le Climat interpellent les candidats à la présidentielle

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