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Et si l’imaginaire de la robustesse remplaçait le récit de la performance ?

En cette rentrée, les participants des Parcours CEC Nouveaux Imaginaires et Hauts de France se sont retrouvés le temps d’un webinaire avec Olivier Hamant, chercheur au laboratoire de reproduction et développement des plantes à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, directeur de l’Institut Michel-Serres. La thématique : le passage de la performance à la robustesse et les nouveaux imaginaires induits. Voici en quoi ce changement de paradigme est important pour qui s’oriente sur la voie du régénératif.
Olivier Hamant - CEC Nouveaux Imaginaires et Hauts-de-France

Comme nous l’avons vu dans un précédent article de blog, le chemin vers le régénératif passe nécessairement par une transformation des imaginaires pour s’extraire des récits dominants, comme celui du culte de la performance.

En économie, la performance est la recherche combinée d’efficacité (atteinte des objectifs stratégiques, financiers, opérationnels) et d’efficience (minimisation des moyens) : optimisation de toutes les formes de ressources, de la production, coûts les plus bas. Elle est mesurée par des indicateurs de rentabilité, de productivité, etc, et est généralement associée à la notion de croissance (objectif de faire x 2 en 5 ans) et de prise de pouvoir (être le leader de son marché).

Or la recherche de l’efficacité et de l’efficience génère des externalités négatives, sur le plan environnemental comme social. D’un point de vue écologique, elles conduisent souvent plus à l’ébriété qu’à la sobriété selon la formule d’Olivier Hamant. Du fait de l’effet rebond, la baisse des coûts et l’amélioration de la performance augmentent les usages d’un équipement (téléphone, électroménager, …) ou d’un service (le sur-tourisme entraîné entre-autres par les avions à bas prix et l’hébergement chez les particuliers).

L’optimisation à outrance fragilise également les systèmes, notamment lorsqu’elle passe par des solutions unifiées comme la monoculture ou la plateformisation. Lorsqu’elles font défaut, c’est tout un système qui est menacé, à l’instar des mono-plantations dans les Landes qui sont des autoroutes à incendies ou la pagaille mondiale créée par la panne de CrowdStrike en juillet dernier.

Adopter une posture régénérative, c’est remettre en question cette recherche de performance pour se concentrer plutôt sur la robustesse de son modèle économique, afin de garantir la pérennité de son business model. Dans un monde fluctuant, qui nécessite une adaptation constante, Olivier Hamant préconise de s’inspirer du Vivant pour développer cette robustesse.

Prenez une forêt – sauf celles des Landes :-). Les arbres, les animaux, les plantes, les champignons, tout ce monde diversifié a un rôle et coopère pour se protéger mutuellement. En agriculture, la permaculture et l’agroécologie font la preuve de la régénération des sols grâce à la variété et la combinaison des espèces. Comme le formule Olivier Hamant, on passe de l’exploitation des écosystèmes pour augmenter la production à une production qui vient nourrir les écosystèmes.

Ainsi pour faire face aux phénomènes extrêmes qui se présentent à nous, nous pourrions miser sur la diversité et la coopération.

Dans le monde industriel, la diversité peut s’illustrer par le choix de diversifier son business model, comme l’a fait Pocheco, en passant d’une mono-activité (la production d’enveloppes) à une pluri-activité (conseil, permaculture, etc.. et production d’enveloppes). Ainsi l’entreprise est moins sensible aux fluctuations de son secteur économique et peut développer des coopérations variées.

Passer de la performance à la robustesse c’est aussi :

  • revoir la façon dont on produit ses biens. Dans une économie classique, on produit des objets performants, à bas coûts, qui seront remplacés régulièrement, dans une logique de croissance en volume. Dans une économie circulaire ou une économie de la fonctionnalité, on mise avant tout sur la qualité des produits pour qu’ils puissent être utilisés et réutilisés dans le temps – comme Tikamoon et ses meubles qui durent 100 ans !
  • produire plus localement en recentrant son sourcing ou sa production à l’échelle locale, pour renforcer les interactions avec son écosystème, comme le fait le Slip Français ou Camif,
  • préférer la valeur au volume, comme l’entreprise Nexans qui a réduit drastiquement son portefeuille clients, passant de 17 000 à 4 000 clients en 4 mois. L’entreprise peut alors s’exonérer des coûts de complexité, et se concentrer sur la qualité de sa relation avec ses clients,
  • former ses collaborateurs plutôt que chercher sans cesse des “stars” en externe.
  • tester les marges de manœuvre de son entreprise face aux risques – même les plus fantasques – pour mieux les anticiper ; se demander par exemple ce qui se passerait lors d’une panne internet de longue durée, une augmentation de x% du prix de sa matière première principale, etc…
  • adopter une posture de facilitation plutôt que de décideur, pour basculer “du pouvoir à la puissance”

Les sources d’inspiration sont nombreuses, dans la nature comme dans le monde économique. Et vous, êtes-vous prêt à embrasser ce nouveau récit ?

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