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Présidentielle

Les Entreprises pour le Climat interpellent les candidats à la présidentielle

Les Entreprises pour le Climat interpellent l'Union Populaire

Sophie Engster (Chamberlan) et Guillaume Capelle (Singa) ont rencontré Eric Coquerel, représentant écologie de Jean-Luc Mélenchon (Union Populaire) pour discuter concrètement de son plan pour la transition économique.

Union Populaire

La vidéo          Le résumé         L’analyse         Le programme

Le résumé

Quel déclic environnemental ?

La sensibilité environnementale d’Eric Coquerel s’est renforcée dans le cadre de ses précédentes activités. Alors qu’il travaille dans une entreprise de communication spécialisée dans la pratique de la voile, il constate concrètement les effets du réchauffement climatique sous la forme d’altération des phénomènes météorologiques habituels. Pour lui, comme pour le candidat qu’il représente, la question climatique et ses conséquences sont l’enjeu prioritaire de cette campagne. Il s’agit de la “première urgence” à laquelle il faut répondre.  Face à elle, Jen-Luc Mélenchon souhaite mettre en place une “règle verte” dans la Constitution : elle consiste à autoriser le monde économique à ne produire que ce que notre société est en mesure d’absorber. La réalisation de cette “règle verte” passera par une planification écologique s’appuyant sur des pouvoirs publics forts et la contrainte des entreprises.

Compter ce qui compte vraiment : comment ?

Eric Coquerel, député et conseiller de Jean-Luc Mélenchon est formel : “les critères de bonne santé économique ne peuvent être dictés exclusivement par le cours de la bourse et le profit à court terme”. En ce sens, le candidat de l’Union populaire prévoit de commander à l’INSEE un indicateur soumis au vote du Parlement et permettant de mieux quantifier l’effet des activités économiques et des politiques publiques sur l’environnement. Il s’agira dans un second temps de faire respecter ces critères par tous. Pour Éric Coquerel, qui affirme “ne pas croire au bon sens dans la société capitaliste”, cette démarche doit reposer sur la contrainte et la conditionnalité des aides aux entreprises.

Quelle planification pour la transformation de l’économie française ?

Pour l’Union populaire, l’une des priorités est la “formation de départ”, c’est à dire dans l’enseignement secondaire. L’objectif est de préparer dès aujourd’hui, auprès de la jeune génération, la transformation de l’économie française de demain. Par ailleurs, le parti de Jean-Luc Melenchon propose de  favoriser la formation rémunérée tout au long de la vie afin de permettre aux salariés de changer de métier ou de l’adapter aux évolutions à venir. Éric Coquerel insiste sur l’importance des grands choix industriels fait par l’État dans ces évolutions : la nationalisation des services publics permettra de les dynamiser et de créer de l’emploi.

L'analyse

Sophie-Engster
Guillaume Capelle

Quelle conscience environnementale avez-vous ressentie dans les propos d'Eric Coquerel et le programme de Jean-Luc Mélenchon ?

Bien que nous soyons convaincus du “déclic écologique” d’Éric Coquerel, vice-président de l’Union Populaire, sa compréhension des enjeux environnementaux nous semble toutefois plus intellectuelle que “charnelle”. Ceci dit, l’ambition et le sentiment d’urgence ressentis dans les paroles du député nous ont paru sincères et bien intégrés dans le programme que présente Jean-Luc Mélenchon.

La discussion était articulée autour de trois idées : conscience et formation dans les mondes politique et économique, mesure d'indicateurs autres que le PIB et transition de l'emploi. Les propositions vous ont-elles convaincus ?

L’Union Populaire, mouvement du candidat Jean-Luc Mélenchon, présente le programme le plus ambitieux pour le climat. Nous sommes alignés avec l’urgence d’investir l’argent public dans une transition environnementale de premier plan, et convaincus à l’idée d’intégrer dans notre constitution une “règle verte” responsabilisant l’État dans la protection de la planète. Nous nous questionnons toutefois sur la faisabilité de certains de ces objectifs. Par exemple, nous nous demandons comment le candidat imagine mobiliser 200 milliards d’euros sans que les grandes entreprises françaises ne fuient au Luxembourg, en Irlande, aux Pays-Bas ou en Suisse ? 

Si Eric Coquerel et Jean-Luc Mélenchon étaient amenés à travailler sur un deuxième Projet de Loi Climat, que leur suggéreriez-vous d'y mettre ?

Nous leur conseillerions d’organiser une Convention du Gouvernement pour le Climat et une Convention du Parlement pour le Climat, en espérant qu’elles se déclinent à l’échelle des collectivités territoriales. Il nous semble en effet essentiel que nos dirigeants puissent vivre ce que les entreprises engagées ont vécu depuis ces derniers mois afin de prendre les bonnes décisions dans les cinq années à venir. En complément, nous leur recommandons d’être plus précis sur la transformation à venir de l’emploi en France. Les chiffres du Shift Project (800 000 emplois détruits et 1 100 000 construits) ne se résume pas à une simple équation positive : cette transformation va bouleverser l’écosystème France et il faudra être inventif sur le financement et la formation au cœur de cette transition.

Presidentielles_Jean-Luc-Melenchon

Le programme de Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon compte augmenter l’objectif français de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 à 65 % par rapport à 1990. Pour rappel, la France vise actuellement la neutralité carbone en 2050 et une baisse de ses émissions de 40 % en 2030 par rapport au niveau de 1990. L’Union européenne a récemment revu l’ambition de son objectif 2030, pour l’augmenter de 40 % à 55 % par rapport à 1990. Le prochain président devra négocier avec les institutions européennes ce que cela implique pour la France.

Atteindre cet objectif « passe inévitablement par des dépenses significatives » selon Jean-Luc Mélenchon. Au total, les investissements et subventions publics augmenteraient de l’ordre de 45 Mds€/an. Les investissements s’insèrent dans un plan d’investissement de 200 Mds€ sur le quinquennat, en faveur de la « bifurcation écologique ». Pour réaliser certains de ces investissements, Jean- Luc Mélenchon compte renationaliser la SNCF, ainsi que EDF et ENGIE afin de construire un « pôle public de l’énergie ».

Pour inciter les entreprises et les ménages à investir, il mobilise, parallèlement aux financements publics, la règlementation et la fiscalité. Jean-Luc Mélenchon compte ainsi obliger les entreprises à tenir une comptabilité carbone et, pour les plus grosses, à présenter une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ou encore rendre obligatoire la rénovation des passoires thermiques avant toute mise en location. Il a aussi des propositions de nature fiscale, visant soit certains secteurs (suppressions des niches fiscales défavorables au climat et en particulier de celles qui bénéficient à l’aviation ou au transport routier de marchandises), soit les ménages les plus aisés (ISF avec un volet climatique, tarification progressive de l’énergie), soit les importations (taxe kilométrique aux frontières conçue comme un « bouclier douanier écologique »).

Afin d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques pour le climat, Jean-Luc Mélenchon prévoit la création d’un Conseil à la planification écologique chargé notamment « d’assurer une allocation efficace des ressources et des financements publics qu’il s’agisse de ceux accordés aux entreprises, aux particuliers ou aux organismes publics ». Dans une logique d’effectivité des aides, il entend soumettre les bâtiments rénovés à des bilans énergétiques « concrets et vérifiés pour obtenir des labels écologiques » : « en clair, la réglementation évolue en parallèle pour assurer l’efficacité des dépenses ». Jean-Luc Mélenchon souhaite également réorienter les aides de la Politique agricole commune vers des pratiques « soutenables » ou encore conditionner les aides publiques au respect de contreparties sociales et écologiques et supprimer un certain nombre de niches fiscales sur l’énergie.

La hausse des dépenses climat serait principalement financée par la hausse des recettes fiscales, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, la hausse de l’activité économique et la réduction de certaines dépenses. La hausse de la dépense publique pour le climat prévue dans le programme de Jean-Luc Mélenchon pose avec acuité la question des ressources mobilisées pour la financer. Le candidat compte d’abord sur les recettes fiscales de son ISF avec un volet climatique (qu’il estime à 10 Mds€/an, dont 2 Mds pour le volet climatique), de la suppression des niches fiscales défavorables au climat ou encore des revenus de la taxe kilométrique aux frontières.

Il entend par ailleurs dégager de nouvelles recettes en luttant contre l’évasion fiscale et en « refondant » le système fiscal. Il compte également sur une hausse des recettes fiscales induite par les investissements écologiques et leur impact sur la création d’emplois

Jean-Luc Mélenchon prévoit la création d’un « Conseil à la planification écologique », garant notamment de « l’allocation efficace des ressources et des financements publics ». Ses diverses lois de planification écologique incluraient par ailleurs une programmation budgétaire pluriannuelle des investissements nécessaires et les financements qui y correspondent.

Un rapport annuel sur le respect de la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre serait par ailleurs publié avant chaque projet de loi de finances, pour suivre « l’efficacité des dépenses et [..] les ajuster au plus vite si besoin. ». Notons par ailleurs qu’il souhaite mettre en place une « Règle verte » dans la Constitution, afin d’évaluer les projets de loi à l’aune de leurs impacts environnementaux.

 

Prix de l’énergie
Pour faire face à la hausse des prix de l’énergie, Jean-Luc Mélenchon entend instaurer une tarification progressive de l’énergie et « garantir la gratuité des premières quantités indispensable à une vie digne ». Jean-Luc Mélenchon entend par ailleurs revenir sur la libéralisation du marché de l’électricité et du gaz et propose également d’annuler les hausses du tarif du gaz depuis 2017.

Accords commerciaux
En matière de commerce, outre la taxe kilométrique aux frontières, Jean-Luc Mélenchon propose de rompre avec les accords commerciaux « participant de l’augmentation de la déforestation importée ».

Mobilisation de l'épargne privée
Jean-Luc Mélenchon compte sur le volet climatique de l’ISF pour rediriger une partie de l’épargne vers des projets plus favorables au climat. Par ailleurs, il entend mettre en place un « pôle public bancaire » qui distribuera des prêts à taux zéro pour des projets favorables au climat.

Eco-conditionnalité des aides et des marchés publics
Jean-Luc Mélenchon entend aussi conditionner toute aide d’Etat aux grandes entreprises à des objectifs écologiques contraignants, avec remboursement en cas de non-respect.

Décarbonation de l’industrie
Jean-Luc Mélenchon propose une enveloppe de 20 Mds€ sur le quinquennat pour relocaliser la production industrielle, afin de « réduire les émissions importées de GES [...] et [soutenir] l’industrie dans le verdissement des processus de production ».

Les Entreprises pour le Climat interpellent les candidats à la présidentielle

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